M. Cellou Dalein Diallo est à deux doigts pour être le futur locataire de Sekhoureya. Mais visiblement, il ne veut payer aucun prix. Son souhait, c’est de lui donner le fauteuil sur un plateau d’or. Or, en politique, les choses ne marchent pas comme un jeu de loterie. C’est soit tu adoptes une bonne position sur l’échiquier politique pour être vainqueur, soit tu te laisses avaler par les gros requins sans état d’âme, car, ainsi sont les règles du game.
En vérité, il aurait été un très bon membre du conseil de sage dans une mosquée quelconque. Car, ses sempiternelles rhétoriques de victimisation sont dignes du peuple juif victime de plusieurs siècles de persécutions sans avoir rencontré leur Messie.
A l’évidence, deux handicaps l’éloignent de Sekhoureya : le refus de quitter sa zone de confort, et son manque d’aplomb face aux choix périlleux. Premièrement, il est réputé être le leader incontesté qui une base solide en Moyenne-Guinéé. Ses résultats obtenus lors des trois dernières élections présidentielles (2010, 2015, 2020 ) le placent favori dans toutes circonscriptions électorales de cette localité. C’est déjà un acquis considérable pour lui. Il lui faut juste avoir un projet politique et un programme de gouvernance séduisant pour conquérir les bastions moins favorables à lui. Je n’ai pas besoin de citer les exemples similaires de cette stratégie, il existe partout.
En Guinée, le vote est d’abord éthique avant d’être fondé sur le programme de société du candidat, dit autrement, rationnel. De ce point de vue, les alliances de valeurs demeurent incontestables dans la vie politique guinéenne. Bon nombre de guinéens ont une sensibilité très forte, il faut à l’homme de faire preuve de L’ETHOS et de PATHOS pour être l’élu des coeurs sensibles.
Par exemple, il lui faut juste multiplier ses visites dans les régions où le fait de parler de Cellou était un crime de lèse-majesté. Assister aux, aux mariages, aux obsèques, aux cérémonies solennelles, faire des voyages anodins pourraient changer son image de leader politique, à celle de l’homme d’État. Car, il a la foule, il a un capital intellectuel et il a une base électorale constante. Ce qui lui reste, c’est d’occuper son espace : s’ouvrir aux autres qui hésitent encore.
Deuxièmement, la démolition de son domicile privé sans suite du contentieux pendant devant les juridictions était une carte de sésame. Mais hélas, la même rhétorique emporta : les journaleux et militants intégristes ont été mis à contribution. Finalement, au lieu de continuer à se battre contre vents et marées, il en a confié à Dieu : l’Eternel.
Une convocation relative au fameux dossier « d’Air Guinée », le contraint à l’exil obligatoire et forcé. L’hypothèse devenue une évidence est la suivante : dès l’instant qu’il rentre au pays, il répondra devant la CRIEF. Qu’elle ingéniosité !
Voyez loin, à supposer que les avocats de M. Ibrahima Kassory Fofana parviennent à défendre leur client, et que celui-ci soit relaxé avant le début des processus électoraux, cela suppose qu’il revêtira son manteau de Président du Conseil exécutif provisoire du RPG arc-en-ciel (à condition que les cartes de ce côté restent ainsi sans être redistribuées), il a toutes les chances de peser lourd dans la balance de l’échiquier politique.
Non seulement la prison aura fait de lui un homme résistant face aux intempéries, mais un leader capable de consentir de gros sacrifices pour avoir ce qu’il souhaite (si l’on s’accorde à l’expression : la fin justifie les moyens).
C’est ma conviction, M. Cellou Dalein Diallo doit a tout prix affronter la justice guinéenne pour soit le blanchir et qu’il sorte victorieux, soit l’histoire l’inscrit au tableau d’honneur de ceux qui ont fait don de leur vie pour la cause du peuple. Il doit faire le choix d’être l’homme de la politique, au lieu d’être un homme politique. Il doit mettre la justice guinéenne à l’épreuve au lieu d’être l’épreuve de la justice guinéenne. Il doit être réaliste au lieu d’être idéaliste.
De Aly Souleymane Camara