Tunis (dpa) – Au Maroc, Entomonutris est considérée comme une start-up pionnière dans la production de biofertilisants à partir d’insectes. Lancée en 2020 par Mohamed Derdour, cette start-up fabrique et commercialise différents fertilisants issus de l’élevage de mouches soldats noires, lesquels sont destinés à l’alimentation animale, l’agriculture et l’aquaculture. Ces fertilisants sont produits dans un centre pilote basé à Marrakech, qui emploie une jeune équipe composée d’ingénieurs, d’agronomes, de chercheurs et de techniciens.
« Nous avons développé un processus d’élevage d’insectes à grand échelle qui permet la production de protéines (farine d’insectes) à haute valeur nutritive. Les déjections produites par les insectes sont valorisées et utilisées comme un fertilisant organique naturel riche en éléments nutritifs pour les sols et les plantes », indique Mohamed dans un entretien accordé à la dpa.
cent fois moins d’espace et 2 200 litres d’eau que l’élevage de bétail
Selon lui, l’élevage de ces mouches, qui sont nourris de déchets organiques et agro-industriels, nécessite cent fois moins d’espace et 2 200 litres d’eau de moins que celui du bétail. Doté d’une fibre entrepreneuriale depuis son jeune âge, ce jeune trentenaire diplômé de HEC Montréal renseigne que sa start-up est le fruit d’un scale-up de ses actions entrepreneuriales et d’une envie féroce de lancer un projet unique à grand impact économique et environnemental dans son pays.
Aujourd’hui, la start-up a développé plusieurs partenariats au Maroc, en Europe et au Canada avec différents établissements scientifiques, des entreprises industrielles spécialisées dans la production d’aliments destinés à l’alimentation animale, l’aquaculture et l’agriculture. Seulement deux ans après sa création, EntomoNutris a réussi le pari d’exporter ses fertilisants vers les États-Unis où elle dispose d’une représentation commerciale. Élue meilleure start-up de l’année 2022 dans trois compétitions dédiées à l’entrepreneuriat marocain, la jeune pousse affiche l’ambition d’étendre, dans les années à venir, ses activités au Québec, en implantant une dizaine d’unités de production.
L’objectif étant de se positionner comme une entreprise à impact mondial qui contribue au développement de la filière d’élevage industriel des insectes et à la souveraineté alimentaire des générations à venir. « L’élevage d’insectes nourris de déchets agricoles en Afrique pourrait produire jusqu’à 2,6 milliards de dollars de protéines brutes et jusqu’à 19,4 milliards de dollars d’engrais biologiques. Cela représente 14 pour cent des protéines brutes nécessaires pour nourrir tous les cochons, chèvres, volailles et poissons d’Afrique », selon un rapport de la Banque mondiale (BM), publié en décembre 2021.