Au lendemain du coup d’Etat qui a mis fin au régime Condé, la question du 3ème mandat continue d’occuper une place importante dans les débats plus ou moins passionnés. A la naissance du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) en avril 2019, nombreux sont les opposants politiques qui, par conviction ou par opportunisme, ont rejoint le mouvement. L’on a été témoin des manifestations gigantesques organisées aussi bien à Conakry que dans les capitales régionales ou à l’étranger par le FNDC pour dire tout le mal qu’ils pensent de l’idée d’un troisième mandat pour le Professeur Alpha Condé, celui que l’histoire retiendra comme le premier président démocratiquement élu de la Guinée indépendante. Des manifestations qui, par endroits, ont été émaillées de violences, avec leur lot de morts et de destructions de biens publics et privés. La suite, on la connaît. Le double scrutin référendaire et législatif a finalement pu se tenir le 22 mars 2020 sans la participation des poids lourds de l’opposition que l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, l’UFR de Sidya Touré, le PEDN de Lansana Kouyaté qui, on le sait, étaient tous membres du FNDC. Des violences sans précédent ont été enregistrées lors de ce double scrutin, une responsabilité partagée entre les acteurs politiques.
Mais à l’approche de la présidentielle du 18 octobre 2020, une fissure s’est créée au sein de cette plateforme composée de partis politiques, d’organisations de la société civile, d’artistes, de leaders d’opinion qui avaient en commun leur farouche opposition au projet de troisième mandat. Certains, à l’image de Cellou Dalein Diallo, de Dr Ousmane Kaba et de Me Abdoul Kabèlè Camara, ont finalement pris sur eux la décision de participer à la présidentielle. Une participation vécue par beaucoup d’acteurs du même bord comme un acte de trahison. Le professeur Alpha Condé sera élu dès le premier tour, à la grosse déception de ses adversaires politiques. Lansana Kouyaté et Sidya Touré, eux, ont préféré bouder le scrutin qui, à leurs yeux, n’était qu’une mascarade visant à légitimer un coup d’Etat constitutionnel et une haute trahison de la part des autres opposants qui ont accepté de participer à ce scrutin. Depuis le 5 septembre 2021, la Guinée est désormais entre les mains du colonel Mamady Doumbouya et ses camarades du Comité national de rassemblement et de développement (CNRD). Avec le recul, l’on est en droit de se demander légitimement qui a eu raison d’être pour ou contre le 3ème mandat.
Débarrassons-nous des passions, car, des guinéens de tous les quatre coins ont soutenu ce 3ème mandat.
Donc, c’est à la population d’analyser sereinement et attentivement la situation sociopolitique du pays pour séparer le bon grain de l’ivraie, en ce début de cette phase transitoire qui s’ouvre suite au renversement du régime Condé.
Mohamed Sita CISSE
Analyste politique
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